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"Minuit à Paris" de Woody Allen

USA et Espagne, 2011, 1h40, couleur, avec Owen Wilson, Rachel McAdams, Marion Cottilard...

"Ballad du Paris" de Francois Parisi, musique du film Minuit à Paris.

Synopsis

Gil et Inez sont deux jeunes fiancés américains préparant leur mariage. Ils passent quelques jours à Paris, accompagnant les parents d'Inez venus en France pour affaires. 
Gil parcourt la ville à la recherche de l'inspiration pour son prochain roman et, alors que les douze coups de minuit ont sonné, il est invité à monter dans une vieille voiture qui va l'emporter vers le Paris des années 1920. Au fil des nuits, il va alors rencontrer des personnalités renommés qu'il admire. Il va peu à peu tomber amoureux d'Adriana, qui est alors l'égérie de Picasso après avoir été celle de Modigliani.

Analyse d'un extrait vidéo

Woody Allen débute son film par une succession de plans statiques de rues ou de monuments de Paris qui dure plus de trois  minutes. Ces plans ressemblent aux cartes postales que les touristes achètent en souvenir de leur séjour dans la capitale française, d'une part grâce aux points de prises de vue adoptées et d'autre part grâce au filtre ajouté qui fait ressortir les nuances dorées de la Ville lumière. La musique de Sidney Bechett ajoute à ce caractère nostalgique et mélancolique. Puis il se met à pleuvoir. Enfin, la nuit tombe et la scène se cloture - comme elle avait commencé - par un plan sur la Tour Eiffel. Le spectateur est tout de suite immergé dans l'univers du cinéaste : le film ne rejettera pas les clichés, sera magique sans doute, esthétique certainement et plongera celui qui le regarde dans la nostalgie des siècles passés.





 

Nostalgie...

Alors qu’il se balade en quête d’inspiration pour la rédaction d’un nouveau livre la nuit tombée dans Paris, Gil fait une halte sur les marches de l’Eglise Saint-Etienne-du-Mont. Minuit sonne aux cloches de l’église. C’est alors que surgit une vielle voiture face à lui et ses occupants l’invitent à monter avec eux. Comme par enchantement, il se retrouve dans le Paris des Années folles où il va rencontrer tous ces étrangers qui sont alors réunis à Paris : Zelda et F. Scott Fitzgerald, Cole Porter, Ernest Hemingway, Juan Belmonte, Gertrude Stein, Pablo Picasso, T. S. Eliot, Salvador Dalí, Luis Buñuel, Man Ray…



 

Gil va donc arriver et vivre pendant quelques nuits dans la période qu’il considère comme l’âge d’or, dans laquelle les artistes peuvent vivre sans soucis. Puis, progressivement, il se rend compte qu’à cette époque aussi les hommes rêvent d’un ailleurs spatial ou temporel, un autre âge d’or. Woody Allen pointe ici du doigt l’infatigable insatisfaction que nourrit l’homme pour son époque et son lieu de vie, et qui cherche vainement le bonheur, ailleurs, en s’immergeant dans la nostalgie et  dans la mélancolie. Mais le film ne demeure pas qu’une leçon de morale. On est immédiatement charmé par sa beauté esthétique : il est servi par  une formidable photographie et des répliques délicieuses à l’humour bien allénien.

Gil, donc, l’Américain, rejetant toute la civilisation outre-Atlantique moderne - dont le couple formé par ses parents est l’archétype même - débarque dans la ville qui l’a tant fait rêver et fantasmer : Paris. Et le Paris d’aujourd’hui ne la déçoit finalement pas, il décidera d’y rester. A la fin du film, celle qu’il aime l’emmène dans le Paris des années 1890 dans lequel il rencontrera Toulouse-Lautrec, Degas… Plus qu’un émouvant hommage à l’art français, à ses écrivains, peintres ou cinéastes favoris, le cinéaste nous présente le jeune homme qu’il était, empli de songes sur le passé et qui finalement, au fil du temps, a su acquérir la sagesse d’apprécier son époque. C’est donc une sorte d’analyse autobiographique à laquelle se livre le maintenant très âgé – et de plus en plus sage – Woody Allen. Gil c’est lui, ou du moins c’était lui. On retrouve les quais de Seine sur lesquels il dansait dans Tout le monde dit I love you, ses endroits favoris de la capitale (sous la pluie bien sûr), mais jamais le Paris d’au-delà les sentiers touristiques. Woody Allen filme Paris en véritable touriste : oubliant le temps d’un film la réalité, il nous invite à plonger dans un univers semblable  aux images d'Epinal et nous faisant voyager dans le temps, dans l’espace et dans nos rêves…

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