Analyse d'un extrait vidéo

M. Edmond et Raymonde devaient partir à Toulon, mais M. Edmond à changé d'avis. S'en suit une scène entre les deux personnages...



Mise à part le fait que cet extrait abrite la célèbre réplique d'Arletty, nous l'avons choisi car il est significatif du style du cinéma de Marcel Carné et plus largement du cinéma français de ces années-là. Contrairement au cinéma américain de cette époque qui privéligie l'action, c'est ici les dialogues qui sont au coeur du film. Au début de cette scène, un travelling latéral nous fait suivre les personnages dans leurs mouvements puis la caméra se fixe laissant se déployer toute la richesse des dialogues. La scène a été tourné dans les décors reconstitués des studios de Billancourt. 

Atmosphère...

Les films de Marcel Carné c'est avant tout une atmosphère. Et Hôtel du Nord en possède une bien particulière. Quand Carné est derrière la caméra, tout le pittoresque devient poésie. Le Canal Saint-Martin, témoin de toute l’action, prend vie autour de personnages authentiques et attachants qui nous font revivre cette époque passée, ce Paris d’avant la Seconde Guerre mondiale.



Le film est inspiré d’un roman d’Eugène Dabit, Hôtel du Nord publié en 1929 qui met en scène la vie d’un hôtel parisien des années 1920. Ce n’est pas Jacques Prévert, qui avait déjà signé le scénario du Quai des Brumes, qui réalise l’adaptation du roman car il est alors aux Etats-Unis, mais Jean Aurenche et Henri Jeanson. Ils ajoutent à l’histoire initiale deux couples – Pierre/Renée, deux tourtereaux aux penchants suicidaires et M. Edmond/Raymonde un homme mystérieux et une prostituée au grand cœur – qui seront le nœud de l’action. Le premier devait être le principal mais sera déchu par l’authentique deuxième. Pour le tournage, Carné voulait au départ filmer ses plans au 112 Quai de Jemmapes, à l’endroit du réel Hôtel du Nord, mais il décide de reconstruire à l’identique le décor du Canal Saint-Martin. C’est Alexandre Trauner qui le réalise, sur un terrain vague attenant aux studios de Billancourt, en utilisant dans la perspective des vrais immeubles de Boulogne.

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Hôtel du Nord est sans-doute le plus parisien des films de Carné. En effet, le réalisateur n’hésite pas à recourir aux clichés du Paris de son temps – qui sont d’ailleurs quasiment toujours les mêmes aujourd'hui - mais sait garder sa marque d’authenticité : le bal du 14 juillet, les inspecteurs sombres… Sur la pellicule de Carné, Paris et sa faune sont emplis d’une poésie étonnante notamment grâce à l’émouvante Arletty déclamant ses répliques drôles dans sa gouaille si caractéristique. Mais n’oublions pas non plus Louis Jouvet, personnage énigmatique et complexe, qui apporte au film une note sombre. A la fin du film, comme en son début, Pierre et Renée (le couple d’amoureux) empruntent la passerelle surplombant le Canal ; le spectateur quitte ainsi l’Hôtel du Nord et les personnages qu'il abrite...