
Paris vu par le cinéma

"Le Feu Follet" de Louis Malle
France, 1963, 1h50, noir et blanc, avec Maurice Ronet, Jeanne Moreau, Bernard Noel...
"Gnosienne n°1"
d'Erik Satie.
Synopsis
Alain Leroy a quitté New York pour subir une cure de désintoxication alcoolique dans une clinique de Versailles. Sa femme, Dorothy, est restée aux États-Unis. Son traitement vient de s'achever. Il est guéri mais éprouve un profond dégoût face à la vie qui ne lui procure plus aucun des plaisirs d'antan.
Il rencontre Lydia, une très jolie femme, amie de sa femme Dorothy, qui souhaite le sauver. Mais Alain ne peut l'écouter et, après un ultime rendez-vous amoureux, la quitte. Il va vivre ses dernières quarante-huit heures. Il décide de se suicider. Avant, il va à la banque toucher un chèque remis par Lydia puis décide de retourner à Paris pour revoir une dernière fois ses anciens compagnons de débauche. Chacune de ses rencontres est pour lui une nouvelle déception qui le renforce un peu plus dans sa volonté de mourir. (Wikipédia)

Lydia souhaite sauver Alain. (www.popandfilms.com)

Là où il reprendra son premier verre après sa désintoxication. (lessallesobscures.wordpress.com)

Lors d'une balade dans le jardin du Luxembourg. (www.popscreen.com)

Lydia souhaite sauver Alain. (www.popandfilms.com)
Après sa désintoxication, les médecins interdisent à Alain de retourner à Paris, là où sont nés tous ses problèmes. Mais ce dernier ne prend pas en compte les ordres médicaux et repend le chemin de la capitale. Paris fait réapparaître un homme mal dans sa peau, dépressif et attristé. Aucun sourire ne se dessine sur son visage. La capitale symbolise son mal être profond, et réveillera ses faiblesses antérieures dont l'alcoolisme fait partie. C'est d'ailleurs au Café de Flore, là où il se réunissait avec ses amis à l'époque, qu'il prendra son premier verre après sa désintoxication. Il boit une dernière fois, comme pour retrouver une sensation perdue avant de mourir, cette sensation qu'il a connue il y a tant d'années. Il est victime d'une maladie mélancolique due à sa dépendance à l'alcool.
Alain décide d'accomplir une mission qu'il s'est imposée à lui-même, son but est de pouvoir mourir en paix afin d'apaiser ses souffrances. Il est impuissant face à son mal de vivre et renonce à la vie. Il regrette sa jeunesse, il refuse de vieillir plus qu'il n'est déjà, il se trouve vieux (alors qu'il n'a à peine 30 ans). Il partage ce sentiment avec ses amis, qui lui expliquent que c'est ainsi, que c'est la vie.
Le film fut tourné dans Paris même, aucune reconstitution en studio n'eut été nécessaire pour la production du film.
A un moment, il erre seul dans Paris. Paris est esthétique et incarne un symbole trop lourd, autant pour l'humanité que pour lui seul. La capitale a une telle force sur Alain, qu'elle va aller jusqu'à détruire cet homme. De plus, la musique de Satie accentue cet aspect mélancolique.
Louis Malle offre une vision magique de Paris, qui a une influence destructrice sur Alain, et qui le fera sombrer, mourir.
Le titre du film - Le Feu Follet -, peut sans doute s'expliquer par le fait qu'au départ, un feu follet est une manifestation lumineuse se représentant sous forme de petite flamme. L'explosion chimique peut symboliser le coup de feu (donné lorsqu'il va se suicider) et la référence à un esprit malin qui serait Paris (lieu où renaîssent tout ses maux).
Analyse d'un extrait vidéo
La scène se déroule au Café de Flore, là où Alain passait d'agréables moments avec ses amis jusqu'à sa descente aux enfers.
Nous retrouvons un homme fatigué et perdu, assis à cette terrasse, contemplant la faune de Flore. Il regarde les parisiens passer : la caméra suit le regard d'Alain, comme si nous, spectateur, nous rentions au dedans de lui. Ces plans s’alternent avec ceux sur Alain qui mettent en valeur sa lassitude. C'est une scène symbolique où Alain s'immerge dans son passé et sombre dans la mélancolie - mélancolie accentué par la musique de Satie qui accompagne toute la scène.